Pour motiver les commerciaux en charge de la promotion des médicaments, Eli Lilly France a conçu une parodie d’un clip où un médecin se fait fouetter.

Voilà qui ne va pas améliorer la «perte de confiance» du public envers les labos, que déplorait lundi le président de leur syndicat professionnel, Christian Lajoux. Cette vidéo d’un goût très douteux, que Libération s’est procurée (voir ci-dessus), a été conçue par la filiale française du laboratoire américain Lilly pour motiver ses visiteurs médicaux, les commerciaux en charge de la promotion des médicaments auprès des médecins. Il s’agit d’un détournement d’une publicité Orangina, dont l’original, jugé trop violent, a été interdit de diffusion en France. Dans la version revisitée par Lilly, on voit une panthère (la visiteuse médicale) fouetter un médecin et le forcer à se deshabiller pour le forcer à prescrire le Zypadhera, la dernière molécule du labo pour traiter la schizophrénie. «Prescrire, oui je veux prescrire», lâche-t-il à trois reprises d’une voix suppliante à la fin du spot, le visage tordu de douleur et les mains sur les parties génitales. Apparait ensuite à l’écran la boite du médicament avec ce slogan: «Zypadhera, prescrivez-le sinon ça pourrait mal se passer».

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Sanctions prises par le laboratoire

Cette vidéo -tout comme une seconde parodiant une pub pour les cachous Lajaunie a été projetée en interne lors de la première semaine de janvier lors de réunions régionales de visiteurs médicaux. Certains responsables des ventes ont été tellement choqués qu’ils ont refusé de la montrer à leurs troupes. Contactée par Libération, La direction dit avoir découvert l’existence de la fausse pub le 11 février, soit quelques jours après sa diffusion. «C’est quelque chose qui nous a choqué à un point jamais arrivé. Le laboratoire existe depuis 130 ans et nous n’avons jamais rien connu de tel», indique Jean-Baptiste Labrusse, directeur des ressources humaines de Lilly France. Il assure qu’il s’agit d’un dérapage isolé d’ «un cadre en début de carrière qui a fait son truc dans son coin», et dont le travail aurait malencontreusement échappé aux contrôles internes. Le géant américain, célèbre pour son antidépresseur Prozac, ajoute que des sanctions ont été prises, sans détailler lesquelles.

Cette vidéo jette un nouveau coup de projecteur sur les pratiques de la visite médicale et sa responsabilité dans le trou de la Sécu, dénoncées régulièrement dans des rapports officiels, dont celui de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) en 2007. L’affaire tombe très mal pour les labos, puisque la visite médicale est sur la sellette depuis l’affaire du Mediator, qui a été massivement prescrit par les médecins comme coupe-faim en toute illégalité, alors qu’il était autorisé uniquement dans le traitement du diabète. © Par YANN PHILIPPIN, CÉDRIC MATHIOT/ Libération.fr