La gouverneure de l’Arizona veut mettre les obèses au régime sous peine d’une amende de 50 dollars qui doit financer les dons d’organes. La polémique s’amplifie dans le pays.   Le régime ou l’amende. A l’heure où l’Arizona doit se serrer la ceinture pour économiser plus d’un milliard de dollars, Jan Brewer, gouverneure de l’Etat, a eu une idée pour financer les dons d’organes et les transplantations: taxer les obèses qui ne suivraient pas la diète prescrite par leur médecin. Les fumeurs et les diabétiques sont aussi visés. L’impôt – 50 dollars par individu et par année –, qui doit encore être approuvé par le Parlement de l’Arizona, a suscité un vif débat dans un pays en surpoids. Un adulte sur trois est considéré comme obèse et ce fléau coûte près de 300 milliards de dollars par an aux Etats-Unis. «Nous ne pouvons pas ignorer le fait que l’obésité fait flamber les coûts de la santé et a des effets négatifs sur l’économie», affirme dans un communiqué Don Behar, auteur d’une étude sur l’impact économique de l’obésité aux Etats-Unis, publiée cette année.

Boissons sucrées visées

L’idée d’une «taxe du gras» ( fat tax) circule depuis longtemps aux Etats-Unis. Kelly Brownell, un professeur de psychologie de l’Université Yale, prône la création d’une TVA de 7% à 10% sur la junk food, les boissons sucrées et les snacks. L’argent récolté servirait à subventionner les aliments sains ou à financer des campagnes de sensibilisation pour inciter les Américains à manger équilibré. La démarche est difficile à mettre en pratique. L’Alabama a instauré en 2010 une taxe annuelle de 25 dollars pour les employés de la fonction publique qui sont obèses. Le Colorado a créé une TVA sur les boissons sucrées et les bonbons. L’Etat de Washington avait fait de même, mais a dû faire marche arrière à la suite du passage, en novembre, d’une initiative populaire qui mettait fin à cette politique. David Peterson, ancien gouverneur de l’Etat de New York, a tenté en vain l’année dernière de faire voter un impôt sur les boissons sucrées. Des mesures similaires sont à l’étude dans des Etats comme le Tennessee, mais ont peu de chances d’être approuvées cette année.

«Dictature des légumes»

La «taxe du gras» est politiquement risquée. Le Tea Party a fait campagne l’année dernière contre Michelle Obama sous prétexte que la First Lady voulait imposer une «dictature du légume». Le mouvement populiste de droite accuse l’épouse du président de vouloir légiférer sur le contenu des assiettes. Son grief a été provoqué par Let’s move! (Bougeons!), une campagne nationale que Michelle Obama a lancée en février de l’année dernière pour lutter contre l’obésité dont souffre un enfant américain sur trois. Beyoncé va apporter son soutien à Michelle Obama le mois prochain pour une journée d’action visant à inciter les élèves des classes secondaires à faire du sport. Et, pour contrer les critiques de ses détracteurs et rassurer les Américains sur les intentions de son initiative prônant les vertus d’une alimentation équilibrée, l’épouse de Barack Obama a révélé en février son «obsession» pour les frites. ©LeMatin.ch  ]]>