Romina Shama


 



 

« Elle ne dévoile pas, mais referme sur elle-même ce que l’image promet premier abord, l’éclaircissement.
Ce n’est ni elle qui pose, ni le corps. J’ai trouvé dans ces images, un contenu presque hors cadre, qui m’a fait sentir en face d’un moment, d’un lieu, tels qu’ils seraient s’ils n’avaient pas été « pris ».
Comme si de l’image prise, ne restait qu’une distance, une absence de lien.
De ces femmes-calques, disparues, accrochées, ne resteront peut-être qu’une forme éparse, confuse, qui s’oublie.
Alors les contours se sont enfoncés, et ont délimités les formes en les masquant. Une accumulation d’absences, de silences.
Absence d’un regard fauve, vorace, quasi-absence d’un sujet découvert par hasard, un fantôme dont l’ombre est l’unique trace,  une image pas prise, laissée là, dans un silence presque brutale, qui ravive, et tue.
Elle ne les prend pas, elle les laisse.
Et l’image, le cadre, se baladaient entre mes yeux, comme autant de moments longs, passés, et concentrés maintenant dans leur forme la plus épurée, à la limite du néant.
Le nu ici n’accroche pas, il éloigne, rend flou, sépare, rhabille le regard et l’émoi, distancie. »

http://www.romina-shama.com ©Alice Kahn / ©saks.ch