PARIS – La circulation aujourd’hui sur les médias sociaux de la vidéo Homeless a soulevé de vives interrogations. Ces interrogations impliquant le groupe, nous avons demandé aux 3 créatifs qui ont imaginé et porté cette idée, les BNF, d’y répondre ici (site Ogilvy PR).

Interview Baptiste Clinet, Nicolas Lautier, Florian Bodet
Lundi 16 avril à 18h

Quelle est l’origine de Homeless ?

En fait, tout a commencé il y a un an quand un SDF s’est installé devant l’agence. On a vu jour après jour les gens passer sans s’arrêter, sans le regarder et surtout sans rien donner. Il y a des tas d’associations qui les aident comme elles peuvent pour les sortir de la rue mais lui il avait l’air seul et son gobelet était presque vide. Alors on a été le voir et il nous a dit que, pour lui, chaque euro était important et que son diner se jouait parfois à quelques centimes près. On s’est dit « merde on passe nos journée à travailler pour des marques, on pourrait faire quelques choses pour aider des gens qu’on croise tous les jours dans la rue ». Alors évidement on a commencé par lui donner nous même un peu d’argent mais on n’était pas assez, il était sur les Champs-Élysées et des milliers de touristes du monde entier passaient devant lui toute la journée.

Alors nous est venue l’idée de prendre son carton et essayer de l’aider comme on pouvait et comme on savait faire… A notre petite échelle, et puis après lui, on a été en voir un autre puis un autre puis un autre. Au total, plus d’une quinzaine.

Pourquoi un tel format de vidéo qui donne le sentiment de “vendre” l’initiative comme une campagne ?

Notre démarche restait cantonnée à une échelle minuscule, alors on s’est dit qu’il fallait raconter l’histoire, poster la vidéo sur Internet pour que toutes les agences et chaque créatif trouve lui aussi une petite idée pour aider rien qu’un peu avec ce qu’il sait faire… Pour cela, on a pensé que l’anglais était le seul moyen d’avoir une chance de toucher largement ces agences.
On a avait même prévu de lancer dans quelques jours un site très simple qui permette à des créatifs dans le monde de rejoindre le mouvement http://cargocollective.com/shareforreal

Pourquoi l’usage de l’anglais sur les pancartes qui semble bien loin de la réalité des sans-abris ?

On a fait des panneaux en Français et en Anglais. En anglais pour deux raisons : car sur les Champs-Elysées, il y a beaucoup de touristes qui ne parlent pas français, et deux car nous voulions utiliser des mots simple, universels, compréhensible par tous comme “hope” ou “love”…

Pourquoi se retrouve-telle sur Internet si ça n’a pas été lancé comme une campagne par Ogilvy ?

Parce que nous aimons notre idée, nous l’avons partagée sur Facebook ce matin où elle a été immédiatement reprise par plusieurs sites.

Où en sont les sans-abris pour qui vous avez travaillé ?

Certains continuent à utiliser les pancartes parce qu’elles les aident à créer du lien, entrer dans l’échange avec les passants. Certains ont arrêté après quelques semaines.

Est-ce une initiative personnelle ou de l’agence Ogilvy ?

C’est une initiative personnelle et humaine qui a été soutenue par notre agence qui a aimé l’idée créative et son utilité. Ici pas d’auto promo, pas de bénéfice. On avait une idée, on pense qu’elle valait la peine d’être poussée et voilà tout.

Mais concrètement, est-il prévu de présenter “Homeless” à Cannes ?

Il n’est pas question de l’envoyer à Cannes, le but n’est pas de gagner des prix avec cette vidéo mais juste de sensibiliser de faire comprendre aux gens que l’on peut atteindre seul une minuscule victoire dans la lutte contre la pauvreté et l’isolement, même si elle est minuscule… L’agence reste fier de l’idée au cœur de la démarche. Et pour rappel, ce n’est pas possible de présenter à Cannes sans client et le but était ici de ne pas avoir d’association il n’est depuis le début même pas possible de l’envoyer…

Vous comprenez les réactions aujourd’hui ?

On essaie de comprendre, il y a un tel décalage entre ce que nous voulions faire et la perception. Car nous l’avons fait avec un bon état d’esprit et que si ça crée le débat et que ça met la pauvreté et l’isolement dans le débat et bien tant mieux. On ne comprend pas vraiment les retours si négatifs. On a essayé de faire quelque chose de bien à notre échelle, voilà tout.

Source : ogilvy-pr.fr