Controverse-Le nom de code «Geronimo» qui aurait été utilisé lors de l’opération ayant conduit à la mort d’Oussama ben Laden a suscité la colère de certains Indiens d’Amérique qui demandent rien de moins que des excuses au Pentagone.

Geronimo, chef apache qui combattit les forces américaines et mexicaines dans la seconde moitié du XIXe siècle, échappa tout comme Ben Laden pendant de nombreuses années à ses ennemis. Il fut capturé en 1886 et détenu comme prisonnier de guerre jusqu’à sa mort en 1909.

Les forces spéciales américaines ont, selon de nombreux médias, utilisé le code «Geronimo EKIA» (pour Enemy Killed in Action) afin de confirmer la mort de Ben Laden, tué lundi dans sa résidence du nord du Pakistan.

La commission sénatoriale chargée des Affaires indiennes devait débattre jeudi de l’émoi suscité par le lien établi entre le nom de Geronimo, «l’un des plus grands héros indiens américains, et l’ennemi le plus détesté des Etats-Unis», a déclaré Loretta Tuell, conseillère juridique de la commission.

Les Apaches demandent des excuses à Obama

Le Pentagone n’a pas confirmé que le nom de code Géronimo avait été utilisé pour l’opération, même si différents médias s’en sont fait l’écho.

«Assimiler Geronimo ou quelque autre personnalité indienne américaine à Oussama ben Laden, massacreur et lâche terroriste, est douloureux et blessant pour notre tribu et pour tous les Indiens d’Amérique», a écrit Jeff Houser, président de la tribu apache de Fort Sill, dans une lettre au président Barack Obama, auquel il demande des excuses.

«Ce que cette opération a fait est de lier à jamais le nom et la mémoire de Geronimo à l’un des ennemis les plus ignobles qu’ait eu notre pays», écrit-il par ailleurs dans cette lettre. «Contrairement au lâche Oussama ben Laden, Geronimo a fait face à l’ennemi lors de nombreux engagements militaires», a souligné Houser. «Il disait la vérité sur l’homme blanc». Chester Rodriguez, un descendant apache de Geronimo vivant à Bisbee dans l’Arizona, a estimé lui aussi que le recours au nom de son ancêtre pour l’opération contre Ben Laden était une injustice.

Geronimo était « un homme bon »

«Geronimo n’était pas un terroriste, c’était un homme bon, il disait la vérité sur l’homme blanc et ce qu’il faisait à son peuple(…). Il n’avait rien à voir avec (Ben Laden)», a ajouté Rodriguez, âgé de 55 ans, dont le nom apache est «Os d’aigle». Quant au conseil des chefs de la nation indienne Onondaga, dans l’Etat de New York, il a estimé que «Comparer (Geronimo) à Oussama ben Laden est illogique et insultant». «Geronimo est la personnalité indienne d’Amérique la plus connue au monde, et cette comparaison ne peut que perpétuer les stéréotypes négatifs qui circulent sur nos peuples. L’état-major de l’armée américaine aurait dû être mieux inspiré», ont déclaré les chefs. ©LeMatin.ch