Un drone miniature fourni par une société canadienne permet à la rébellion libyenne de suivre les mouvements des troupes restées fidèles à Mouammar Kadhafi.

La rébellion libyenne a utilisé un drone miniature pour ses opérations d’espionnage des troupes du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a révélé la société canadienne qui s’est chargée de la fourniture.

Un ex-officier supérieur de l’armée canadienne, aujourd’hui patron de la société de sécurité Zariba, s’est rendu fin juillet dans l’enclave rebelle de Misrata, sur les rives de la Méditerranée, pour former les rebelles à l’utilisation de ce drone.

« Les rebelles se déplaçaient sur la route et ils étaient la cible de tirs, alors qu’eux-mêmes cherchaient à savoir où se trouvaient les forces de Kadhafi. Ils recherchaient donc désespérément des solutions en termes d’imagerie pour détecter les soldats au loin », a dit mercredi cet ancien soldat, Charles Barlow.

Les drones ont joué un rôle crucial dans le conflit en Libye, les Occidentaux utilisant ces appareils de reconnaissance pour anticiper les déplacements des forces de Kadhafi et ainsi appuyer la rébellion.

Mais les rebelles sur le terrain ne semblaient pas disposer eux-mêmes de ces équipements. « Ils ont tenté à un certain moment d’installer des caméras sur des modèles réduits d’hélicoptères mais ça ne fonctionnait pas très bien », souligne M. Barlow.

Après avoir étudié différentes propositions, notamment européennes, la rébellion a choisi la technologie du groupe canadien Aeryon Labs. Aeryon a signé un contrat avec la société Zariba de M. Barlow pour fournir cet équipement stratégique au Conseil national de transition (CNT), organe de la rébellion libyenne.

Le mini-drone est une sorte de robot volant, d’un poids inférieur à 1,5 kilo et pouvant donc être transporté au sol par un combattant dans un simple sac à dos. Dirigé à distance grâce à un écran tactile, il ressemble à un hélicoptère miniature doté de quatre hélices.

Les rebelles rencontrés à Misrata par leur fournisseur canadien n’étaient pas des anciens soldats des forces libyennes, mais des civils sans expérience de la manipulation de ces appareils. « En une après-midi, ils savaient déjà comment faire voler l’engin », relève M. Barlow.

Une valeur d’environ 100.000 dollars

Un seul drone miniature – d’une valeur d’environ 100.000 dollars – a été vendu à la rébellion libyenne, a indiqué M. Barlow. « Ils en voulaient davantage », mais ils ont déjà pris Tripoli, a-t-il précisé.

Les deux sociétés canadiennes, qui devaient attendre une victoire de la rébellion à Tripoli pour annoncer ce contrat stratégique, espèrent maintenant vendre de nouveaux appareils au futur pouvoir à Tripoli.

Ce type de drone miniature a été vendu par le passé à de nombreuses sociétés, dont le géant pétrolier BP qui a eu recours à cette technologie lors de la marée noire dans le golfe du Mexique au printemps 2010, a précisé Mme Marni McVicar, porte-parole d’Aeryon. ©lematin.ch