Bis repetita. C’est la deuxième fois en 6 mois qu’une œuvre de Banksy disparait de son lieu d’origine, la rue, pour se retrouver sur le catalogue d’une vente aux enchères.

 

elocarPar Elodie Carcolse
Pour Golem13.

En février dernier, l’œuvre « Slave Labour » avait été retirée du mur d’un magasin londonien pour être vendue aux enchères. Estimé environ 500 000$, le pochoir a été attribué 1,1 millions de dollars. Cette fois-ci, c’est le pochoir « No Ball Games » qui vient de subir le même sort. Présent depuis 2009 dans le quartier de Tottenham, c’est un carré vide qui s’affiche en lieu et place de l’œuvre.

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Cette dernière devrait être vendue aux enchères lors d’une soirée caritative au printemps prochain.
Elément troublant, une fois volées retirées ces œuvres se retrouvent mises en vente sur le site de l’agence qui a donc un très bon réseau de revente des œuvres de Banksy. Pour se dédouaner de toute accusation de vol, la compagnie a déclaré : « Le Sincura Group ne tolère aucun acte de vandalisme gratuit ou toute autre activité illégale. Cependant, après avoir examiné avec application la provenance de l’œuvre et sa propriété, nous sommes entièrement satisfait de n’avoir commis aucun méfait et sommes heureux de représenter l’œuvre “No Ball Games” ». Ben voyons !

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Slave labour

Quid de la provenance de l’œuvre, de la manière dont elle a été « récupérée » ? Une âme charitable sans doute qui a entrepris quelques travaux de voiries et ne sachant que faire de cette toile l’a gracieusement remise à l’agence. CQFD. Plus caustique encore dans l’argumentation de la compagnie, elle affirme, droite dans ses bottes, que l’œuvre aurait été « récupérée pour être rénovée » car « il y a eu par le passé plusieurs tentatives de dégradation de l’œuvre, la plus célèbres ayant été menée en 2012 par King Robbo, qui était en rivalité avec l’artiste. Au vu des amples travaux de construction menées dans le quartier et par souci pour sa sécurité, l’œuvre a été retirée afin d’être restaurée et de retrouver sa gloire passée ». Quelle abnégation, pour ensuite s’approprier l’œuvre et la mettre en vente… pour la gloire donc.

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« Bring Our Banksy Back »

Face à ces actes révoltants, les habitants du quartier de Tottenham (où se trouvait « No Ball Games ») ne décolèrent plus : « Bring Our Banksy Back » (Rapportez nous notre Banksy). Comme un acte de revendication. Cette œuvre, présente jusqu’alors dans leur quartier, ne leur appartenait pas, elle appartenait à tout le monde : riverains, passants, touristes. Comme lors de la précédente disparition, Banksy n’a pas souhaité s’exprimer ou confirmer l’authenticité des œuvres dérobées. A-t-il donné son accord ? Cela semble peu probable lorsque l’on connait l’engagement de l’artiste et les messages délivrés à travers ses œuvres qui vont totalement à l’encontre de cet esprit mercantile.

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Le souci majeur dans cette affaire réside dans le vide juridique entourant le statut de ces œuvres et dont semble profiter les agences de vente aux enchères et en bout de chaine, les collectionneurs fortunés. À qui appartient le street art ? Les artistes sont-ils propriétaires des œuvres qu’ils « exposent » dans la rue ? Peut-on retirer/voler impunément une œuvre dans la rue et en tirer profit ? Répondre à ces questions s’avère urgent au vu du malaise que cette affaire génère.

Source : lesinrocks