Un tribunal polonais a autorisé le Parti de la renaissance polonaise à afficher son homophobie par un symbole plutôt explicite. Les associations LGBT condamnent cette décision et un député interpelle le ministre de la Justice.


Un parti d’extrême droite polonais vient de se voir accorder le droit d’utiliser un symbole homophobe comme logo. La justice a donné son accord fin octobre pour enregistrer cet emblème, mais la nouvelle n’a fait du bruit que ces jours-ci.

Le nouveau logo du Parti de la renaissance polonaise (en polonais: Narodowe Odrodzenie Polski, ou NOP) condamne l’homosexualité sans faire dans la dentelle: en forme de panneau de signalisation routière, un trait barre le dessin évoquant un acte sexuel entre hommes.

«Intolérance fasciste»

Cette semaine, les associations LGBT polonaises sont montées au créneau et ont condamné la décision du tribunal. Robert Biedron, l’un des seuls députés ouvertement homosexuel du pays, a appelé le Ministre de la justice à intervenir. Le parlementaire d’opposition et fondateur de l’ONG «Campagne contre l’homophobie» a estimé hier que «ces symboles se réfèrent directement à la tradition d’intolérance fasciste, néonazie et xénophobe ». Il faut dire que la justice polonaise a aussi permis au NOP d’utiliser une croix celtique, affectionnée par de nombreux groupes néo-nazis, comme autre logo.

Grzegorz Schetyna, membre du parti au pouvoir, Plateforme civique, a estimé que «ces symboles sont inacceptables». Il a accusé le juge qui a pris cette décision d’avoir manqué à ses devoirs.

«Climat de peur»

Sur son site internet, le NOP s’est dit satisfait. Il salue la victoire qui couronne une «bataille de deux ans» pour imposer son signe et le slogan associé «Zaka Pedalowani» (qu’on pourrait traduire par «tarlouzerie interdite»). Le NOP est un parti ouvertement homophobe qui placarde depuis longtemps des affiches avec ce logo dans les rues. Il s’insère aussi régulièrement, de manière plus ou moins violente, dans les manifestations de promotion des droits LGBT.

A cause de ces actions, et de l’identité profondément conservatrice de la Pologne, la communauté LGBT dit «vivre dans un climat de peur». Deux Polonais sur trois sont contre les manifestations pour les droits LGBT, 80% sont opposés au mariage gay, et 90% à l’adoption par des couples de même sexe.

Pourtant, début novembre, un événement a redonné courage à la communauté. Pour la première fois, un député ouvertement gay, Robert Biedron, et une transsexuelle ont fait leur entrée au Parlement. Quelques jours après la décision de justice qui officialisait le logo du NOP… via ©Tetu.com